Sculpture votive

Cette sculpture africaine en bois a été réalisée au 19e siècle par la population téké. Ce type de statuette sert à réaliser un vœu, en intégrant dans la cavité centrale toutes sortes de matériaux.

Une origine entre Gabon et fleuve Congo

Voici une sculpture africaine en bois d’environ 35 cm de haut et datant probablement du 19e siècle. Si l’on ignore tout du mode d’acquisition de cette statuette, son style peut être rapproché de la production téké. La population téké est localisée principalement au Congo-Bazzaville, mais aussi à l’ouest de la République démocratique du Congo et au sud-est du Gabon. Les téké fondent le royaume de Makoko au 8e siècle, qui perd son indépendance en passant sous protectorat français en 1880. Le commerce se développe et notamment celui de statuettes anthropomorphes (c’est-à-dire de forme humaine) comme celle-ci.

Une statuette votive

Cette sculpture possède des composantes caractéristiques de l’art téké : attitude frontale, figée, formes angulaires et visage strié. La barbe trapézoïdale est symbole de prestige dans l’art téké et les marques linéaires sur le visage sont typiques des scarifications de ce peuple. La particularité de cette statuette réside dans sa cavité centrale, appelée bilongo, qui lui confère la fonction de statuette votive, c’est-à-dire offerte comme gage d’un vœu. Les pratiques magiques sont en effet largement répandues en Afrique noire et l’intervention des statues ou fétiches intervenant pour contrer les puissances néfastes est courante autour du fleuve Congo.

Un usage lié à la magie noir

Ces statuettes appelées nkisi étaient destinées à un usage personnel ou familial et avaient pour but d’assurer la bonne santé de son propriétaire ou de lui insuffler la force vitale. Elles étaient fabriquées par un sculpteur avant d’être vendues sur le marché. Le propriétaire demandait ensuite les services du féticheur qui activait une charge magique sur la statuette en plaçant dans la cavité dorsale ou abdominale des « médecines », constituées d’un ensemble de graines, poils, dents, ongles amalgamés par divers liants et additionnés de tissus, de plumes ou de différentes argiles. Puis les statuettes étaient généralement recouvertes de tissu, ce qui explique que le visage soit traité plus en détail que le corps.

Une statuette sans doute destinée à l’exportation

Cette œuvre est particulière puisqu’elle semble ne jamais avoir reçu de charge magique. Sa cavité abdominale est lisse et ne comporte aucune trace ancienne de dépôt de quelque nature que ce soit. On peut donc en déduire qu’elle a été acquise mais jamais utilisée, ni « activée » et il est possible que des commerçants l’aient achetée et ramenée en Europe.