Cette assiette est une majolique italienne à décor historié, représentant Judith avec la tête d’Holopherne. Elle est certainement l’œuvre de l’atelier d’Andrea da Negroponte, un artiste italien du 16^e siècle.

La scène est tirée du Livre de Judith dans l’Ancien Testament. Alors que le général babylonien Holopherne arrive aux portes d’Israël, il assiège la ville de Béthulie avec son armée. Tandis que les Béthuliens sont sur le point de se rendre, Judith se rend au camp ennemi accompagnée d’une servante, faisant croire qu’elle donnera des informations à Holopherne. Ce dernier se laisse séduire et l’invite à un festin puis dans sa tente, ivre et sans méfiance. Judith en profite pour le décapiter, sauvant ainsi son peuple.

Le moment représenté se situe juste après la décapitation. Au centre, Judith tient une épée à la main, jetant dans un sac tendu par sa servante la tête du général, dont le corps étendu est représenté à gauche. Le ciel dégradé en bleu et jaune est hachuré, avec de petits nuages en volutes, est typique du travail d’Andrea da Negroponte.

Inventée au cours des 7^e-8^e siècles au Proche-Orient, la faïence est une terre cuite couverte d’un émail blanc stannifère (à base d’étain) avec un décor peint. Introduite en Espagne sur les terres conquises par les Musulmans, elle se diffuse lentement en Europe sous le nom de majolique (du nom de Majorque où transitent les productions vers l’Italie). Cette technique arrive au 14^e siècle en Italie et les grands ateliers lui donnent ses lettres de noblesse mais aussi son nom – faïence – de la ville de Faenza, au nord-est de l’Italie, l’un des principaux centres de production au 16^e siècle.

Dès le 15^e siècle, des motifs spécifiques à la faïence se développent. C’est le cas des scènes dites all’istoriato (historiées) qui couvrent toute la pièce et dont les sujets sont empruntés à la mythologie, à la littérature ou à la Bible comme c’est le cas ici. Il existe un autre type de décor appelé a compendiario (abrégé), plus simple,concentré au centre de la pièce.