Paysage d’hiver au bûcheron, Gysbrecht Leytens, 17e siècle

Cette peinture aux nuances délicates est très représentative du style de Leytens, surnommé “le maître des paysages d’hiver”. Ce panneau de bois très fin était sans doute destiné à décorer un cabinet. Cette peinture de maître fait partie du legs du collectionneur audomarois Henri Dupuis.

La poésie du gel

Par une journée froide mais lumineuse, un arbre noueux et givré se dresse au premier plan, tandis que quelques petites maisons enneigées à droite et un bûcheron accompagné de son fils et de leur chien à gauche viennent équilibrer la composition. L’arbre revêt un aspect, nerveux, vibrant et fantastique avec ses branches échevelées, étincelantes de givre. Au cœur de l’hiver, il symbolise la vitalité complétée par les touches vives des vêtements des personnages et de certains oiseaux.

La conception de l’espace est entièrement réalisée par le traitement des couleurs : une harmonie délicate se crée entre les blancs étincelants au premier plan et les gris nacrés du fond. Les couleurs brunâtres des parties ombragées à l’avant se distinguent d’une palette subtile allant du bleu gris au rose tendre pour le paysage lointain. Les coloris du ciel arrivent en contrepoint pour équilibrer l’ensemble et apporter une certaine douceur. A noter les trois points de fuite sur la ligne d’horizon, propices à l’imaginaire.

Un peintre redécouvert tardivement

La connaissance de l’œuvre de Leytens est possible grâce au travail d’historiens de l’art du 20e siècle qui ont peu à peu identifié le “maître des paysages d’hiver”, entre les années 1940 et 1970. Né à Anvers, Leytens devient maître à la guilde Saint-Luc en 1611. Ses paysages d’hiver connaissent un certain succès, ce qui l’amène à les réaliser en série, laissant le soin à ses collaborateurs d’ajouter les personnages pour diversifier les compositions. S’il y a des affinités évidentes avec Joos de Momper, il est possible de les distinguer par le fait que Leytens développe davantage les nuances de couleurs, tandis que Momper se concentre davantage sur des formes bien définies.