Paysage alpestre, Josse II de Momper, 17e siècle

L’Anversois Josse II Momper se spécialise dans le genre du paysage au début du 17e siècle. Sa réalisation traduit la découverte du paysage de montagne par les peintres du Nord, lors de leur traversée des Alpes pour rejoindre l’Italie.

Une peinture profonde et nuancée

Momper offre un contraste affirmé entre le premier plan et les lointains, grâce à une association de bruns chauds, de verts et de bleus. L’effet de profondeur est accentué par la présence de l’arbre mort en diagonale et des personnages, les plus proches à contre-jour et le second groupe en pleine lumière. Ces contrastes sont réalisés avec une grande subtilité : la perspective atmosphérique (succession des bruns, verts et bleus pour donner une impression de profondeur) demeure très réaliste.

Le développement du paysage dans la peinture du Nord

Le paysage est un genre peu développé avant le 16e siècle chez les peintres du Nord. Joachim Patinier (1483-1524) est l’un des premiers à ouvrir la voie, suivi notamment par Bruegel l’Ancien (1525-1569), durablement marqué par sa traversée des Alpes. Momper se situe à mi-chemin entre cette perspective atmosphérique héritée du siècle précédent et l’art plus subtil de la deuxième moitié du 17e siècle. Il sacrifie, par ailleurs, au goût de ses contemporains pour les motifs italianisants et pittoresques, avec les personnages et les mulets du premier plan.

Prendre conscience de son regard contemporain

La montagne est peu représentée par les artistes européens avant le 16e siècle. Elle est considérée comme dangereuse ; l’aspect menaçant et escarpé des reliefs et de la végétation sur la partie gauche du tableau le confirment. Les dessins réalisés lors du voyage initiatique vers l’Italie conduisent les artistes allemands et flamands à lui donner une place plus importante. Dans la seconde moitié du 18e siècle, la montagne devient un élément propre à susciter les émotions fortes recherchées. A force d’intérêt, d’excursions et de représentations, on trouve une véritable beauté aux paysages alpestres. De chose curieuse et impressionnante, la montagne devient un objet de contemplation et d’admiration. Le regard de Momper était donc très différent du nôtre.