Nature morte à l’artichaut, Osias Beert, 17e siècle

Ce panneau compte parmi les œuvres maîtresses de la collection de peintures flamandes du musée. L’œuvre est caractéristique des natures-mortes du maître anversois, présentant des objets vus légèrement en surplomb, comme en témoigne une peinture conservée au Rijksmuseum.

Une remarquable qualité d’exécution

La composition resserrée et clairement ordonnée montre un artichaut coupé en deux, présenté dans un plat autour duquel ont été placées des porcelaines chinoises garnies de framboises, de mûres et de cerises. C’est l’ordonnancement des objets vus légèrement en plongée qui frappe le regard du spectateur, avec un rythme donné par la diagonale créée par le couteau au manche en damier. On remarque le souci du détail dans le rendu subtil des différentes matières : porcelaine Wanli (du nom de l’empereur de Chine fin 16e-début 17e siècle), verre de Venise, salière en argent richement décorée, plat en étain, couteau au manche en nacre et ébène, ainsi que la texture de l’artichaut et du pain.

Un dénuement tout relatif

Les quelques éléments garnissant cette table sans nappe évoquent sans doute la pauvreté à un visiteur d’aujourd’hui du fait de l’absence de décor. En réalité, l’époque d’Osias II Beert se situe avant la société d’abondance. Outre les éléments de luxe, comme la salière d’argent et le couteau en nacre, cette table est très bien garnie pour ses contemporains avec des fraises, des mûres, un artichaut et du pain. Cette peinture interpelle par sa fausse froideur et la franchise simple qu’elle dégage.

Un peintre novateur

Osias II Beert est l’un des plus importants peintres de natures mortes de son temps et le premier à la concevoir comme genre autonome. Beert est aussi le premier artiste flamand à introduire dans ses compositions des porcelaines de Chine importées en Hollande par la Compagnie des Indes orientales depuis le tout début du 17e siècle. L’artiste est longtemps resté dans l’oubli pour n’être redécouvert qu’à partir des années 1930.