Restauration du monument funéraire d’Eustache de Croÿ
Une restauration rendue possible grâce au mécénat
Une opération de mécénat, encadrée par la Sauvegarde de l’art français, a été menée par deux étudiantes de Sciences Po Lille à l’automne 2021 et permet aujourd’hui à la ville de Saint-Omer de lancer la restauration du monument funéraire d’Eustache de Croÿ.
Une œuvre de grande finesse, réalisée par le sculpteur Jacques Du Brœucq
Ce monument funéraire est aujourd’hui situé du côté sud de la nef, dans un état recomposé suite au réaménagement du chœur au 18e siècle. Il en subsiste la base de marbre noir, la statue de l’évêque en prière et en tant que gisant. Deux autres figures ont disparu à la Révolution, saint Eustache et la Foi.
Le monument a été sculpté par Jacques Du Brœucq en 1538 et est de très belle qualité. Ce grand artiste du 16e siècle est considéré comme une figure incontournable de la Haute Renaissance dans les Pays-Bas méridionaux (ils couvraient la majeure partie des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et des Hauts-de-France actuels). Ce monument est la première œuvre certaine de l’artiste. Il révèle la maîtrise du sculpteur et son souci de perfection bien dans l’esprit maniériste. La finition de la statue de l’évêque est, à cet égard, exemplaire que cela soit dans le rendu des éléments orfévrés (mitre et mors de chape), du souple plissé de l’aube, du somptueux décor brodé en très faible relief de la chape (on reconnaît saint Pierre et saint Paul à l’avant, et sur le chaperon, une Annonciation bien italienne). Quant au traitement anatomique et au rendu de l’expression cadavérique du transi, il est exemplaire. Le putto pleureur reflète les influences italiennes et le griffon ailé du prie-Dieu témoigne du sens décoratif du sculpteur.
Une œuvre marquée par de nombreuses rayures, des restaurations grossières et très encrassée
L’ensemble est en marbre (différents types de marbre) et présente nombre de zones dorées à la feuille d’or sur mixtion dans un état de conservation inégale. La dorure, bien que globalement usée, est encore perceptible. Elle rehaussait le décor et les ornements (orfroi de l’évêque, pompon des coussins du gisant, crinière du lion). L’ensemble a connu plusieurs campagnes de restauration de qualité inégale. Il est fortement encrassé avec des zones de griffures, rayures et d’altération au niveau de la surface du polie des marbres. Sur l’évêque en prière plusieurs doigts sont manquants et l’on note la trace d’un ancien goujon. Au dos, on observe des cassures réparées grossièrement avec un enduit de type plâtre débordant. On peut voir en de nombreuses zones sur les marbres noirs d’ancien bouchages aujourd’hui trop nettement perceptibles qui crée des taches et des auréoles plus sombres. Les pieds du gisant ont déjà été réparés et le joint est un peu épais et nettement visible. On note le même type de phénomène sur le nez du gisant.
Une restauration qui remplit plusieurs objectifs
Les objectifs de cette restauration sont multiples : assurer la bonne conservation de l’œuvre en consolidant les zones plus fragilisées et assurer sa valorisation esthétique afin de faciliter sa lecture d’ensemble, en faisant notamment ressortir la grande délicatesse de la ciselure et en rendant mieux visibles les rehauts d’or du costume.