Sac de Rome, François-Nicolas Chifflart, 19e siècle

Œuvre fondamentale du corpus peint de François Chifflart, le Sac de Rome est l’une des peintures qui expriment le mieux ce mélange de fougue et de perspectives grandioses, caractéristiques du génie de cet artiste trop peu reconnu de son vivant. Indispensable à la compréhension de son art, l’entrée de cette toile au musée Sandelin est une acquisition majeure ; non seulement elle enrichit la section consacrée aux grands peintres natifs de Saint-Omer, mais en plus, elle offre l’endroit idéal pour l’apprécier.

La fougue de François Chifflart

Peintre issu d’une famille d’artisans audomarois (à laquelle on doit notamment les boiseries des salons classés de l’hôtel Sandelin, actuel musée de Saint-Omer), François-Nicolas Chifflart (1825-1901) est l’un des plus grands artistes de Saint-Omer du 19e siècle, avec Léon Belly et Alfonse de Neuville. Formé à l’école des beaux-arts de cette ville, il obtient une bourse de la commune pour poursuivre ses études aux Beaux-arts de Paris, où il devient l’élève de Léon Cogniet. Poussé par ce dernier, il se prépare au concours du Grand Prix de Rome et se passionne pour la peinture d’Histoire. Après deux échecs successifs (dont Ulysse reconnu par Euryclée, acquis en 2015), Périclès au lit de mort de son fils (Saint-Omer, dépôt de l’ENSBA) lui permet d’être lauréat du Grand

Prix de 1851 ; il est alors âgé de 26 ans. Son séjour en Italie est l’occasion pour Chifflart de laisser libre cours à son tempérament impétueux et solitaire. Il s’éloigne des compositions classiques et mesurées qui lui ont permis d’accéder à la Villa Médicis et d’être reconnu par la critique. Entre 1851 et 1856, François Chifflart construit des représentations tumultueuses, développe de nouvelles iconographies en introduisant l’anecdotique ou le merveilleux dans sa peinture d’histoire. Sa manière surtout se renouvelle; il travaille la peinture dans l’épaisseur, maîtrise la gravure, exploite toutes les possibilités du dessin. Finalement, Chifflart n’aura jamais la carrière auquel son statut de Prix de Rome aurait pu lui faire prétendre, peut-être à cause de son caractère insoumis comme aiment à nous répéter ses biographes, et c’est dans l’illustration, notamment pour des œuvres de Victor Hugo, que Chifflart mettra le mieux à profit son talent si profondément romantique.