Dans ce tableau peint vers 1612, Ribera dévoile une composition caravagesque présentant deux philosophes âgés en pleine disputatio. En l’absence de décor ou de distractions, le spectateur est happé par la scène à laquelle il assiste et devient témoin du débat animant les personnages.
Une attribution disputée
Le tableau a longtemps été attribué à Ribera avant qu’une restauration ancienne ne remette en cause l’authenticité de la signature du peintre figurant au dos. Ce n’est qu’en 1943 que Roberto Longhi rapproche ce tableau d’autres toiles aux caractéristiques similaires qu’il attribue au « Maître du Jugement de Salomon ».
Au début des années 2000, Gianni Pappi trouve dans les archives des preuves que ce maître n’est autre que le jeune Jusepe de Ribera.
Cette découverte permet une avancée majeure dans la recherche sur le peintre espagnol, surtout concernant sa jeunesse.
L’influence caravagesque
La composition est théâtralisée par un clair-obscur puissant matérialisé par une lumière forte et crue provenant de l’angle supérieur gauche. Cet usage savant de la lumière mettant en valeur certains éléments crée une ambiance intimiste et invite le spectateur à se placer en tant que témoin du débat qui prend place sous ses yeux.
En outre, les contemporains du peintre espagnol voient très vite en lui un « nouveau Caravage ». Les collectionneurs espèrent créer le même effet de spéculation en commandant des œuvres du jeune Ribera dans le but de les revendre par la suite.
Une dispute fictive
En admirant La dispute des philosophes, le spectateur assiste à un débat symbolisé par les gestes des deux hommes âgés attablés. Chacun désigne un indice sur son identité : l’un tient un livre faisant référence à Lacydès, l’autre se trouve à côté d’un livre dont la tranche indique Anassagora. Ces éléments laissent penser qu’il s’agit donc des philosophes grecs Anaxagore et Lacydès.
En choisissant ces deux personnages, Ribera crée un débat totalement fictif et impossible puisque les deux philosophes ne sont pas contemporains.