Monstre chinois, Kitagawa Utamaro

De nombreux connaisseurs d’art considèrent Utamaro (1753-1806) comme le plus grand artiste de xylographie japonaise qu’il a poussé jusqu’au dernier raffinement. Il reçut le patronyme de Kitagawa et fut d’abord appelé Ichitarô, de son nom personnel, puis Yûsuke. De 1775 à 1782, fit partie de l’atelier de Toriyama Sekien et réalisa des illustrations de récits populaires en images appelés « livrets à couverture jaune » (kibyôshi), sous le nom d’artiste de Toyoaki. Par la suite, après sa rencontre avec l’éditeur Tsutaya Jûzaburô, il prit comme nom de pinceau Utamaro.

Il se lança tout d’abord dans les illustrations de pièces de théâtre et de poèmes, de portraits d’acteurs de Kabuki (yakusha-e) puis des portraits de beautés féminines à tendance érotique au début de l’ère Tenmei (1781-1789). Il avait une prédilection pour la représentation de femmes dans leur vie quotidienne. Nous lui devons de superbes portraits de courtisanes célèbres et femmes du demi-monde, à la silhouette mince et aux kimonos élégants tombant en plis suggestifs.

Il publia également des albums illustrés sur la faune et la flore : insectes, coquillages, plantes, oiseaux et paysages.

En 1804, fut accusé par la censure de se moquer de la cour du Shogun, fut placé en détention surveillée puis libéré.

Sa palette fraîche aux nuances riches et subtiles, son sens de la composition, sa maîtrise de techniques telles la gravure en relief, la pulvérisation d’or ou de nacre en font un artiste au talent de génie. Il fut l’un des premiers artistes japonais, avec Hokusai, à avoir été découvert en Europe. Edmond de Goncourt publia en 1891 sa première biographie et Toulouse-Lautrec était l’un de ses grands admirateurs.