Cette boîte à épices est produite par la plus célèbre manufacture de Delft : l’A Grec. La finesse de l’objet aux inspirations asiatiques illustre le siècle d’or néerlandais, dont la prospérité est due en partie au commerce d’épices. Un exemplaire similaire est conservé au Rijksmuseum.
Une pièce élégante entre Europe et Asie
Cette boîte à épices possède des parois verticales formant quatre angles droits et quatre lobes. Le couvercle est surmonté d’un fretel (bouton permettant sa préhension) représentant une vipère. Le récipient est muni de deux anses et repose sur huit pieds hémisphériques. Le décor est peint en double camaïeu bleu et violet. Des chinoiseries composées de personnages et paysages orientaux avec pins, lotus et rochers, ornent le couvercle et les lobes.
Un faïencier de talent
L’art de Samuel van Eenhoorn offre une esthétique particulièrement reconnaissable, qui a fait sa renommée. Il parvient à associer des motifs chinois avec des éléments inspirés d’extrême Orient et à placer des motifs dont les ombres varient subtilement du bleu clair au gris-vert et au blanc. Sur certaines pièces comme c’est le cas ici, les vêtements et les expressions des visages sont soulignés par un trait bleu, violet ou, comme ici, noir, appelé trek.
Une épopée familiale
La faïencerie de l’A Grec, achetée en 1658 par Wouter van Eenhoorm, est la plus prestigieuse des manufactures delftoises. Elle se spécialise dans les faïences en bleu et blanc, imitant les porcelaines chinoises de la période Kangxi (1661-1722). Les productions et décors de chinoiseries sont d’une telle qualité que la manufacture gagne rapidement en réputation.
Samuel van Eenhoorm (le fils de Wouter) est reçu à la guilde de Saint-Luc en 1674, puis développe sa clientèle jusqu’à Rouen, Hambourg et Londres. Lors de son mariage en 1678, il reçoit la manufacture en cadeau et continue de la faire prospérer durant 7 ans, jusqu’à sa mort. Cette dernière reste dans le giron familial jusqu’en 1722 et réussit à survivre jusqu’au début du 19e siècle.