L’Art du regard (25 sept. 2019 > 12 janvier 2020)

L’Art du regard (25 sept. 2019 > 12 janvier 2020)

On vous donne les clés

Les collections d’art de Saint-Omer se composent pour l’essentiel d’œuvres ayant un, deux, trois, quatre siècles, parfois plus. Durant tout ce temps écoulé, des générations d’homo sapiens se sont succédé. Leur culture, leurs références visuelles, leurs centres d’intérêt, leur environnement ont profondément changé. Par conséquent, il n’est pas possible de voir une œuvre avec le même regard que les contemporains de sa création. Pourtant, on ne peut faire l’économie de cette recherche si l’on veut comprendre pleinement l’objet que l’on contemple. C’est pourquoi nous vous invitons à une archéologie du regard en parcourant les collections du musée Sandelin.

7 thématiques

En amont de cette déambulation, un jeu de cartes comprenant sept thématiques vous est remis, permettant d’aborder les critères d’appréciations des œuvres :

  • La définition de l’art a beaucoup évolué ; on considère comme en relevant des objets qui ne l’étaient pas à leur époque et vice-versa. Or, les critères de définition de l’art, qu’ils soient théorisés ou implicites, sont fondamentaux dans la réception de l’œuvre.
  • Qui s’intéresse à l’art? La démocratisation des collections artistiques est récente. Leur lieu de destination et leur public de destination devait être pris en compte dans la réalisation : lieu public, lieu privé ou lieux intermédiaires, comme les résidences princières, plus ou moins ouvertes selon l’époque et le lieu.
  • La société change ; ce qui est rare à une époque devient commun, ce qui est normal ne l’est plus, etc. De ce fait des représentations qui choquaient à leur création peuvent paraître fades par la suite, d’autres, au contraire deviennent vulgaires.
  • Une vision biaisée du mondeamène l’homme à croire, à ne pas voir ou à changer de regard sur certains phénomènes naturels. Une déformation due à la vision interne de l’artiste, peut ainsi être à tort interprétée comme une marque de style ou une licence. Il faut chausser les lunettes déformantes de la bonne époque.
  • La roue de la Fortune des Ecoles. On classe habituellement les peintres en Ecoles, nationales (France, Flandre, Italie, etc.) ou locales (romaine, bolonaise, vénitienne, etc.). Pour des raisons qui s’apparentent à des effets de mode, certaines sont tantôt portées au pinacle, tantôt complètement oubliées.
  • Technique contre inspiration. L’art est plus ou moins soumis à une dualité entre habileté technique/savoir-faire et inspiration créatrice. L’équilibre entre les deux a beaucoup varié et a pu créer des incompréhensions, souvent au même moment et dans le même lieu.
  • Vieille et ridée. Toutes les œuvres souffrent du passage du temps, les éléments organiques changent de texture et de couleur en fonction du climat, les minéraux sont souvent soumis au vent ou aux polluants. De ce fait, nous ne voyons pas la même chose que les contemporains de l’œuvre. Cela n’a pas toujours été pris en compte de la même manière.