Albarello, manufacture de Casale et Callegari, Italie, 18e siècle

L’albarello est un type de pots à pharmacie qui se reconnaît à sa forme cylindrique et ses parois concaves. De tels pots ont largement été produits car appréciés des apothicaires, notamment pour la qualité de conservation offerte par la céramique. Ce pot à pharmacie s’inspire des productions issues des manufactures de majoliques italiennes de la Renaissance, bien qu’il date des années 1770.

Le succès du premier pot à pharmacie moderne

Sa forme ergonomique permet une meilleure prise en main et contribue à son adoption par les fabricants. Le bourrelet présent en partie supérieure est destiné à attacher une peau de mouton ou un parchemin pour fermer le récipient. Importé de Perse et de Syrie, son nom vient du persan « el barani » qui signifie vase destiné à recevoir une drogue. L’albarello renferme des préparations de consistance solide ou pâteuse : baumes, onguents, cérats, électuaires, opiats.

Un décor entre sujet religieux et inspiration antique

Le décor principal représente saint Paul debout, tenant une épée et la palme du martyre dans un médaillon bordé d’un rang d’écailles. L’épée évoque à la fois son martyr (il est mort décapité) et le tranchant de la parole de Dieu dont il est l’apôtre auprès des païens. Sur l’autre versant du pot, on découvre un décor de trophées monochromes bistres (brun foncé) d’inspiration antiquisante, sur un fond bleu intense à crossettes. Ce type de décor est largement répandu à la Renaissance dans le duché d’Urbino. L’épaulement (la partie haute) présente une course de feuilles sinueuses à la base avec des filets jaunes et oranges. Le décor est peint en jaune, orange, bistre, vert et bleu, sur un dessin violet et un modelé ocre.

Une référence aux majoliques

Cette pièce est réalisée tardivement (vers 1770), mais elle se rapproche des faïences italiennes du 16e siècle appelées majoliques. La faïence est une terre cuite couverte d’un émail stannifère (à base d’étain) de couleur blanche, qui reçoit un décor peint. Ce dernier pouvait être all’istoriato (historié), c’est-à-dire recouvrir la totalité de la céramique, comme c’est le cas ici.

Le terme de majolique fait référence à l’île de Majorque en Espagne. En effet, les potiers italiens se sont inspirés des productions espagnoles, notamment dans les décors à lustre métallique. Puis le terme le plus employé est devenu “faïence”, en référence à la ville de Faenza au nord-est de l’Italie, où se trouvait la manufacture Casale & Callegari d’où provient cet albarello.