Peint par Léon Belly (1827-1877), le tableau Les Sirènes est acheté par l’empereur Napoléon III et offert à la ville de Saint-Omer. Exposée dans la Galerie des tableaux de la Mairie puis dans la bibliothèque, l’œuvre la plus imposante des collections domine aujourd’hui l’escalier d’honneur du musée Sandelin de ses 3,63 mètres de hauteur.
Une composition monumentale inspirée du chant XII de l’Odyssée d’Homère
L’œuvre représente Ulysse arrivant devant l’archipel des Sirènes. Souhaitant entendre le chant envoûtant de ces créatures, il s’est fait attacher au mât de son navire après avoir bouché les oreilles de ses compagnons avec de la cire. La représentation des sirènes a beaucoup évolué depuis l’Antiquité grecque, passant d’oiseaux à tête de femme à des femmes-poissons. Ici, Belly les peint comme des Néréides, des divinités marines à l’aspect plus humain.
Le virage inédit d’un orientaliste vers la peinture d’histoire
Né à Saint-Omer, Belly est considéré comme l’un des grands peintres orientalistes du milieu du 19e siècle. Issu de l’école de Barbizon, il se spécialise dans les paysages orientaux, grâce à ses voyages au Moyen-Orient et au Nord de l’Afrique.
Mais son légitime désir de reconnaissance le conduit à délaisser son identité artistique pour se conformer à des attentes plus académiques. Ainsi, pour le Salon de 1867, il se confronte au grand genre qu’est la peinture d’histoire en produisant une œuvre inspirée du Débarquement de la reine à Marseille de Rubens.
Cette toile témoigne, notamment au travers des matelots, de l’art de cet « Orient » que le peintre découvre au Machrek (l’Orient arabe) en 1856. La peinture, éloignée du style habituel de l’artiste, est boudée par la critique. Belly délaisse cette voie dès l’année suivante pour retrouver les paysages de l’Egypte.
Un nombre important de travaux préparatoires conservés au musée
Le discrédit qu’a subi cette œuvre trop académique est à relativiser au regard des dessins préparatoires d’une grande qualité. Ils illustrent les différentes étapes de l’élaboration d’une œuvre selon la technique académique.