Potiche à couvercle, Chine, 18e siècle

Appartenant aux chefs-d’œuvre des collections de Saint-Omer, ce grand vase fait partie d’une paire. Il représente un phénix et un dragon qilin, deux créatures mythiques de bon augure. La profondeur du bleu caractérise une production postérieure au milieu du 17e siècle.

Des animaux fantastiques

Le qilin est un animal fabuleux provenant de la mythologie chinoise. C’est une sorte de dragon à corps de cerf ou de cheval, dos de tortue et tête de chèvre, qui règne sur les animaux à pelage. Il symbolise l’harmonie, la paix, le bon gouvernement ou la naissance d’un fils talentueux. Le qilin est gage de longévité, de félicité et de sagesse. Il est parfois appelé « la licorne chinoise » par les Occidentaux. Quant au phénix, c’est un animal hybride à tête de poule, œil d’homme, cou de serpent, dos de tortue et queue de poisson, qui évoque la beauté et la prospérité. Il est très apprécié des Bouddhistes car il ne nuit pas aux autres animaux.

La porcelaine : dix siècles d’exclusivité chinoise

La porcelaine chinoise fait l’objet d’une grande fascination des Européens, car le secret de sa production est inconnu en Occident jusqu’au début du 18e siècle. Le kaolin en est le principal composant et sa production est maîtrisée par les Chinois depuis le milieu du premier millénaire. La forte teneur en kaolin de la porcelaine permet une cuisson à environ 1300°C et l’obtention d’un blanc très pur. Le cobalt, l’un des seuls pigments pouvant résister à de telles températures, impose alors le bleu comme la couleur par excellence de ce support.

Une concurrence dans le raffinement

A partir du 17e siècle, les porcelaines en bleu et blanc sont largement imitées par les faïenciers hollandais pour concurrencer la Chine, parfois avec un si grand talent qu’il est difficile de les distinguer au premier abord. Les productions chinoises gagnent aussi en subtilité : en plus de sa blancheur et sa translucidité, cette potiche dispose d’un pigment de cobalt raffiné à l’origine d’un résultat beaucoup plus intense et net que sous la dynastie des Ming (1421-1644).